Jour J

Chronique du déconfinement, Si la Nouvelle Aquitaine m'était contée

19 mai 2021. On devrait presque l’ériger en fête nationale, voire en jour férié. Ce n’est pas encore l’heure de l’immense youpi qui s’entendra jusque sur la planète Mars, mais la vie normale reprend peu à peu, avec certes encore quelques limites.
Voilatipa que le Bordelais trouve soudain opportun de dîner dès 19 h, puisque c’est le seul moyen de dîner au resto. En terrasse, bien sûr. Et lesdites terrasses sont au rendez-vous, comme les clients, heureux, joyeux, trinquant du bonheur de renouer avec ce qui, autrefois, était juste normal, ordinaire.

Bordeaux, 19 mai 2021

Ils sont venus, ils étaient tous là

Chronique du déconfinement, La mer et ses poissons, Oléron-petipatapon, Si la Nouvelle Aquitaine m'était contée

Vus les embouteillages de cet après-midi pour quitter l’île d’Oléron puis pour rentrer sur Bordeaux, j’ai un instant eu l’impression que toute la France habitait la même ville et passait ses week-ends sur le même petit bout de littoral. Mais quoi … n’avions-nous pas enfin eu le droit de déambuler où bon nous semble pour un peu plus quelques heures ? Ce grand week-end de quatre jours, même avec le vent et de jolis nuages, avait des airs de vacances. Une respiration, enfin. Et puis, finalement, une fois sur zone, nous avons déambulé tranquillement, sans nous gêner ni nous covider. Si, sur la photo ci-dessous, la foule semble dense, c’est juste parce-que j’ai abusé du zoom, ce gadget qui écrase les perspectives. Bien sûr il y avait du monde sur les plages, sans empêcher toutefois les distances de sécurité sanitaire, et tous ces gens étaient contents. Moi aussi.

Saint-Trojan-les-Bains (17), mai 2021

Une chansonnette

Chronique du déconfinement, La chansonnette, Le monde tel qu'il va, Un peu d'art dans un monde de brutes

Dès à présent, je ne vais faire que des choses pas essentielles. Voir des gens que j’aime (parce-que quand on s’applique, respecter le protocole sanitaire, c’est facile, et ça évite de se confiner à Versailles façon chef d’État pris le nez dans le pot de confiture). Écouter de la musique, même si dans la vraie vie, c’est encore prohibé (mais j’ai commencé aujourd’hui même par Petrucciani à Marciac en 1996, sur le site de l’INA). Lire, bien sûr. Et puis l’océan, la forêt, quelques amis, … Rien d’essentiel, puisque l’essentiel serait de pouvoir déambuler dans IKEA mais pas d’aller au musée. Rien d’essentiel puisque l’essentiel serait de faire la queue devant des dealers de la fast fashion plustôt que d’aller au théâtre. Bref, je mets sous couvert la colère, le bouillonnement, la rage, et vous confie aux bonnes mains et aux bonnes paroles d’une vraie bonne personne : Grand Corps Malade. Portez-vous bien et à l’année prochaine.

Grand Corps Malade
Pas essentiel (2020)

Une chansonnette

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Pierre Perret
Les confinis

En v’là du (very) big mac, en v’là

Chronique du déconfinement, Tambouille

J’ai entendu dire, par Ouest-France et par ailleurs, que le déconfinement, chez certains de mes contemporains, avait provoqué une ruée vers une enseigne de fast food reconnaissable à son grand « M » majuscule jaune. Il parait même que ces mêmes contemporains ont patienté des heures pour accéder au graal des graals, qu’en ce lieu il est habituel de nommer « Big Mac ». Tant d’efforts pour quelque chose, camarade blogonaute mon ami, qu’il est possible de faire chez soi, en suivant la recette de maman Maïté. Et là, c’est vraiment très big :

Un océan confiné ?

Chronique du déconfinement, La mer et ses poissons, Si la Nouvelle Aquitaine m'était contée

L’océan Atlantique, dans le golfe de Gascogne, bien souvent s’abat et cogne sur le sable, façon avion qui aurait oublié de sortir le train d’atterrissage avant d’effleurer le tarmac. L’océan, en Gironde, dans les Landes et ailleurs, fabrique de la vague et du rouleau à la chaîne, le fordisme au service du surf. Car le plaisir que procurent toutes ces vagues, aussi dangereuses soient-elles, ce sont d’abord les surfeurs qui en profitent. Surtout au printemps (le baigneur attend surtout que la température de l’eau se réchauffe).
Mais là, en cette toute fin de mai sur la presqu’île du Cap Ferret, il faut se rendre à l’évidence : l’océan reste timide, comme encore confiné, sage comme une image. Et le surfeur déconfit attend la vaguelette pour, quand même, tenter de se faire un petit peu plaisir, lui qui a tant milité pour la réouverture des plages dans ce fameux mode dynamique qui s’impose actuellement.

Des surfeurs attendent la vague sur une plage de Lège-Cap-Ferret, fin mai 2020

Une petite phrase en passant

Chronique du déconfinement, Le monde tel qu'il va, Une petite phrase en passant

« Les piétons sont au fondement de l’urbanité. Ce sont eux qui animent la ville et la rendent plus sûre. Ce sont eux, aussi, les plus vertueux : vraiment aucune nuisance. Ils doivent être au sommet de la hiérarchie des modes de déplacement et le vélo ne vient qu’après, puis les transports publics et enfin la voiture. »

Frédéric HÉRAN (économiste des transports), lemonde.fr, 20 mai 2020

De l’inutilité du radio-réveil

Chronique du déconfinement, Nos amies les bêtes

Chant de la grive musicienne = debout !
Coassement des grenouilles = dodo

Punition collective à Damgan

Chronique du déconfinement, La mer et ses poissons, Le monde tel qu'il va, Made in BZH

La ré-ouverture des plages est une nécessité, une évidence. Le respect des mesures barrières, la distanciation physique, l’humilité face à la nature (des oiseaux, comme les gravelots, nichent à même le sable), la plage dite « dynamique », ce n’est pas seulement faisable, c’est souhaitable, ça va de soi, et ce n’est pas bien compliqué à respecter pour que tous profitent de la plage et de l’océan.
Aujourd’hui, des plages qui venaient de rouvrir dans le Morbihan, referment au-moins jusqu’à lundi. Parmi ces plages se trouve celle de Damgan, que je connais assez bien. Un long ruban de sable, l’océan, les rochers découverts à marée basse, les palourdes et les crevettes. La vraie belle vie littorale.

Localisation de la plage de Damgan – Copie d’écran GoogleMaps

Sauf que, depuis la ré-ouverture des plages, des gens, très peu (5 % ?) font n’importe quoi et mettent en péril la sécurité sanitaire et la biodiversité. Les élus des différentes communes concernées (Damgan, Erdeven, Billiers, et peut-être d’autres) signalent des incivilités : ceux d’entre eux qui ont du rappeler les règles ont été insultés. Des barrières et des affichages ont été arrachés. Des chiens gambadent où bon semble à leurs maîtres. La plage dynamique devient statique, les 5% de crétins pourrissent la vie de tous les autres parce-qu’ils ne veulent surtout pas déroger à leurs petites habitudes, habitudes aujourd’hui potentiellement dangereuses. Je suis en colère, et surtout très triste pour tous ceux qui rêvaient de cette grande plage de Damgan pour marcher ou courir ce week-end, et qui auraient pu avoir le bonheur d’y aller parce-qu’ils habitent à moins de 100 km.

La plage de Damgan le 21 juillet 2016

Sources : Huffington Post, 20 Minutes et France Bleu Morbihan

Le nécessaire retour à la mer

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La trop longue interdiction d’accès aux littoraux et aux forêts avait quelque chose de punitif et de contre-productif : je ne vois pas en quoi il était moins dangereux d’autoriser la foule à s’entasser dans les rues commerçantes plutôt qu’à s’éparpiller sur les côtes et dans les espaces naturels. La décision unanime des préfets, visant à autoriser l’accès à la mer, va donc dans le bon sens. Et ce bon sens, j’en ai profité hier matin, sur le Bassin d’Arcachon. Première image du retour à une certaine normalité :

Les cabanes tchanquées du Bassin d’Arcachon vues d’Andernos – 16 mai 2020

La ville est toujours là

Chronique du déconfinement, Si la Nouvelle Aquitaine m'était contée

Le confinement m’avait fait perdre Bordeaux de vue, comme si la ville avait soudainement disparu dans ce rétrécissement majeur de l’espace autour de mon territoire de libre parcours, quelque part en banlieue nord. Le passage en rive droite fut un très grand moment de bonheur, un sentiment très net de la liberté retrouvée, d’autant plus que rien, ou presque, ne rappelait l’existence du covid. Il y a bien eu l’obligation du masque pour franchir la Garonne sur le Batcub, avec gel hydroalcoolique à bord, mais rien d’oppressant, rien d’anxiogène.
Une fois sur les quais de la rive gauche, en centre-ville, il y a bien ce nouveau balisage au sol, qui sépare les équipes, mais cela n’est pas effrayant, pas si contraignant que cela finalement :

La sensation nette que nous avions changé de monde fut ressentie dans un haut lieu du tourisme bordelais, à savoir la Place du Parlement, où nous nous régalâmes d’une glace, parce-que la vie urbaine est aussi faite de petits plaisirs. C’était la première fois que je voyais cette place dans toute son étendue, sans les terrasses des restos qui, habituellement, mangent une grand partie de l’espace. Et là j’ai ressenti que la ville avait basculé, parce-que Bordeaux sans bistrot ni resto, ce n’est pas vraiment Bordeaux.

Photos réalisées le 14 mai 2020

Revoir la ville, enfin

Chronique du déconfinement, Si la Nouvelle Aquitaine m'était contée

S’octroyer quelques heures de liberté en pleine semaine. Se dire que le boulot attendra bien un peu. Que c’est juste récompense après toutes ces semaines 7/7 et ces deux mois de mise sous cloche, qui ne furent vraiment pas des vacances. Se dire qu’on peut bien se le permettre, pour une fois, et sortir le vélo pour franchir la Garonne. Constater que ladite Garonne est toujours bien là, la reconnaître, la sentir même, et voir la ville en face. Se dire que le monde existe encore, qu’il y a une vie en dehors du covid.

Bordeaux – 14 mai 2020